Workshop
TERRE A TERRE #2
Hélène Delépine
Malette
ADOPTER UNE OEUVRE
La mallette "Terre à terre" proposait de questionner l’art et le paysage à travers la rencontre de deux œuvres:
- Hermigua d’herman de vries en collection du Frac-Artothèque de Nouvelle Aquitaine
- Waldputz de Michaël Sailstorfer dans le bois de sculpture du centre d’art de Vassivière
L’objet incitatif placé dans la mallette était un échantillon de terre de l’île de vassivière
LES ACTEURS DU PROJETS
- Artiste : Hélène Delépine ;
- Enseignant : professeur des écoles Mickaël Marenda, qui a été porteur du projet ;
- Niveau: petite section de maternelle ;
- Établissement scolaire : école Maternelle Gaucher Teillout, Saint-Priest-Sous-Aixe, en Haute-Vienne.
ORIENTATION DU PROJET
C’était la deuxième expérimentation de cette mallette "Adopter une œuvre # terre à terre". Pour ce deuxième opus, le choix d’une classe de maternelle, par rapport au médium terre, nous a semblé être pertinent.
Hélène Delépine travaille le grès par modelage et estampage, sa pratique personnelle s’oriente aussi vers l’architecture et ses formes qu’elle questionne et rejoue dans ses oeuvres
"J’ai choisi le travail de la terre et les procédés de la céramique comme passeur de ma relation plastique au réel architectural. Mon travail est un jeu de construction d’images fait d’expériences d’assemblage et de combinaison qui fonctionne par déplacement, translation ainsi que par l’usage du signe et de l’indice. J’utilise un répertoire d’images qui ont une capacité à s’abstraire. La ville est un vivier de formes abstraites mais réelles que je fragmente, replie ou déploie comme un ensemble de signes, un alphabet à portée de regard et dont il s’agit de révéler le potentiel fictionnel. J’aime l’idée chère à Ettore Sottsass de transformer le banal en atemporel ou en d’éventuels archétypes mythiques."
Ce workshop a permis aux enfants de réaliser des expérimentations et des pratiques artistiques qui questionnent la matérialité de la terre, cru et cuite. Des objets, briques, tuiles, de nos architectures ont été "retravaillés" par les élèves afin de créer des installations collectives dans le paysage.
La réalisation de ce projet a permis aux élèves d’appréhender les notions d’Art et de paysage dans les pratiques plastiques contemporaines.
En articulant la rencontre avec des œuvres et des artistes, le dispositif a permis aux élèves de construire leurs connaissances d’une manière différente des cours habituels.
Ils ont pu questionner la matérialité dans l’art et la paysage aujourd’hui. La terre a été un élément incitatif dans le projet, une matière première. Cette matière semble particulièrement intéressante à travailler avec des élèves de maternelle, et l’artiste a su leur montrer la richesse des possibles.
Ce projet a permis à l’enseignant de travailler un ensemble de contenus enseignable, expression et vocabulaire, sciences de la vie et de la terre, arts plastiques, motricité fine....
Ce projet a été intégré au PEAC de l’école de Saint-Priest-sous Aixe.
PRATIQUES ARTISTIQUES DES ÉLÈVES
La terre, cette matière première, et l’âge des élèves, 3 ans, ont orienté la pratique des enfants vers une série de petits ateliers qui ont questionné la matérialité de la terre et le geste. Le projet s’est construit par des petites séances de travail régulières, 2 ou 3 heures toutes les deux semaines entre le mois de mars et le mois de mai 2018
Ainsi, le workshop a permis aux élèves lors des différentes étapes de travail de réaliser
- des collections de terre et des frottages.
- des projets éphémères en terre crue qui se dissolvent dans l’eau, avec des traces vidéo
- des projets en terre cuite jouant sur l’empreinte et la déformation à partir d’une tuile en terre crue.
Ce workshop s’est orienté principalement vers des expérimentations plastiques. La terre est un médium qui se prête particulièrement bien aux pratiques exploratoires. A partir des productions des élèves l’artiste a créé des installations d’objets, tuiles estampées qui a permis une exposition valorisant le travail.
La sortie dans le Bois de sculptures de Vassivière a permis aux élèves, à l’artiste et à l’enseignant, d’installer les objets ensemble aux abords du Centre d’art. Les enfants ont aussi pu appréhender des œuvres d’art contemporain, et questionner les différentes formes d’interventions dans le paysage comme l’œuvre de Michael Sailstorfer qu’ils ont découvert en fin de projet. A ce stade, questionner cette œuvre, sa forme faisait écho à l’installation des productions d’élèves dans le paysage, comment occuper un espace, le transformer par la présence ou l’absence d’élément.
L’atelier se déroulant en école maternelle, ce fut l’occasion pour l’enseignant d’articuler plusieurs domaines, capacités et connaissances à partir de ce workshop:
- Développer le langage, s’exprimer à partir des expériences et des œuvres
- Explorer la matière, développer des connaissances scientifiques , pourquoi les terres sont différentes, de quoi sont-elles constituées ?
- Agir et s’exprimer à partir des activités artistiques, grâce aux rencontres et pratiques proposées avec ce workshop
- Pratiquer des activités motrices, travailler les gestes
Extrait du Journal de l’enseignant Mickaël Marenda publier sur un blog à destination des parents d’élèves
PARTENARIATS
Le Centre International d’art et du paysage de l’île de Vassivière a proposé un temps de médiation dans le bois de sculpture autour de l’œuvre de Michael Sailstorfer.
Le Frac Artothèque Nouvelle Aquitaine a réalisé un temps de médiation dans l’établissement scolaire autour de l’œuvre d’herman de vries.
Une Tuilerie à proximité de l’école à permis de tisser un partenariat local avec une entreprise et le monde professionnel. Ils ont fourni les tuiles en terre crue qui ont été retravaillées par les élèves.
Une visite au Musée départemental d’art de Rochechouart à été organisé
L’enseignant porteur du projet, Mickaël Marenda a tenu un blog pour garder traces des différentes étapes du projet et il fait une restitution du projet lors du stage le 29 mai. Une partie des productions réalisées ont été exposées au Centre d’Art de Vassivière le 28 et 29 mai.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Pour les élèves et l’enseignant, voici trois points remarquables du projet :
- Échanges : un parcours co-construit avec Hélène avec des échanges réguliers et constructifs pour orienter ou réorienter les séances suivantes
- Pratiques : diversité et richesse des pratiques, des gestes des actions des situations vécues par les élèves.
- Apprentissages : par les pratiques diverses, les références (dont le travail d’Hélène présenté aux élèves), tant pour les élèves que pour le maître.
Voici le retour d’Hélène Delépine à propos de cette expérience "Adopter une œuvre"
"Cela a été une belle expérience pour moi, je pense pour Mickael également, et nous sommes ravis d’avoir eu cette opportunité de travailler ensemble sur ce projet, dans une étroite collaboration où je pense nous avons su être à l’écoute l’un de l’autre pour mêler nos univers (pédagogique, artistique, social, entre autres) de façon à créer quelque chose, un entre-deux vraiment intéressant et enrichissant pour les enfants et nous-mêmes. A mon sens, il ne s’agissait pas de simplement venir réaliser des ateliers artistiques dans une école mais bien de créer quelque chose à partir de l’existant, du contexte et des personnes. De ce point de vue c’est une réussite pour moi.
Je pense que le cadre de départ qui nous a été donné nous a permis cela, effectivement nous avons travaillé dans de (très) bonnes conditions (temporelle, financière), ce qui n’est pas une évidence ou une donnée qui irait de soi notamment dans le milieu des interventions artistiques. Ce "confort" a permis une bonne préparation ainsi qu’une grande liberté d’échanges et de réalisations. Ce cadre a permis un engagement égal, réciproque et de qualité, je tenais à le souligner car cela me paraît important.
Les trois mois d’interventions ont été riches et le format d’une intervention par semaine à l’école a permis de tisser le projet dans le temps avec les enfants, le temps de la découverte, celui de l’apprentissage, de la narration, du souvenir, de la création, de la terre (molle, sèche, cuite).
Travailler avec les classes de maternelles a été un point central de cette expérience positive. A cet âge, j’aime à penser que l’on peut semer de petites choses qui pourront peut-être grandir, se développer chez les enfants un peu après ou bien plus tard. Leur façon de traduire un énoncé ou de représenter les choses possède une grande liberté de création que j’ai trouvé formidable. Leur notion de représentation va beaucoup plus loin qu’une simple illustration ou évocation. Je trouve cela très beau et je pense qu’on a ici des formes artistiques pures, des éléments très riches avec lesquels travailler. Cela m’a beaucoup marqué et j’ai eu de belles surprises de leur part. J’ai eu la chance d’avoir des classes très dynamiques, investies et curieuses. Mickael qui a été très attentionné et bienveillant, je le remercie encore chaleureusement pour son investissement dans ce projet. Nous avons réalisé beaucoup de choses, cela a été intense et productif.
Je souhaite à d’autres artistes de vivre de belles expériences comme celle-ci !"
La mallette Terre à terre va évoluer pour sa troisième année d’expérimentation, elle se renommera “Actions et empreintes”. C’est un micro lycée en Creuse qui a expérimenté ce dispositif avec une artiste Morgane Kabiry. Cette jeune artiste était en formation les 28 et 29 mai 2018 et elle a candidaté pour "adopter" cette mallette et réaliser un workshop en classe. L’un des objectifs des formations PREAC étant la mixité des publics, nous comprenons alors son importance quand un artiste peut être sur le temps de formation et rencontrer alors l’équipe enseignante. Morgane Kabiry va proposer un travail de vidéo qui a renouvelé les pratiques possibles à partir de cette mallette.




