IMPLIQUER le contexte

Selon l’artiste Robert Filliou, l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. Suivant ce précepte, la focale n’est plus sur ce que produit matériellement l’artiste mais plutôt sur la situation réelle que désigne ou que génère son action dans le monde. Le contexte de l’intervention, qu’il soit social, économique, médiatique, paysager devient alors la condition première de l’action artistique.

L’on peut dire que l’art in situ prend à son compte le contextedans le sens où l’œuvre n’est pas déplaçable du lieu car elle perdrait sa logique formelle mais aussi son sens. Cependant, l’art d’intervention dont il s’agit ici se déploie plutôt de façon essentiellement éphémère. Par exemple, en 1968, Nicolás García Uriburu déverse dans le Grand Canal de Venise une poudre colorée verte, inoffensive mais qui démontre selon lui la dépendance de l’œuvre avec son environnement. Plus récemment, Rescued rhododendron, 2000, de Simon Starling agît par déplacement. Des plants de Rhodendron ponticum prélevés en Ecosse sont transportés dans le lieu d’origine de l’espèce, en Espagne : le questionnement sur les conditions environnementales (historiques, climatiques, culturelles) est ainsi posé. Dans ce type d’œuvres performatives, seules des traces imagées, textuelles ou cartographiques subsistent.

L’art impliquant le contexte peut aussi être participatif en sollicitant les spectateurs/acteurs à devenir coproducteurs de la situation. Cette modalité peut, dans un contexte paysager, amener à prendre en compte également les processus naturels comme déterminants dans le processus créatif (processus de croissance végétale par exemple).