ÉCHANGER et SE PROJETER
La carte
La carte est inévitablement liée au territoire, elle entretient avec lui une relation de cause à effet même si ses codes sont multiples (et essentiellement graphiques) et différent de ce que l’œil perçoit.
Cette autre façon de se référer au monde a forcément intéressé les artistes. Ils ont pu comme Vermeer jouer de cartes dans des représentations picturales mais aussi en rejouer ses codes par exemple en gommant toute indication écrite (cartes muettes dans les peintures métaphysiques de Chirico).
Le détournement de la logique rationnelle de la carte va donc être une voie artistique. Ainsi, pour la mappemonde surréaliste (1929), le critère dimensionnel des continents ne sera pas géographique mais lié à la place de l’imaginaire dans la culture du lieu. Dès lors, ces reconstructions cartographiques seront actées dans l’art contemporain souvent à des fins critiques ou poétiques.
Mais ces détournements de la carte ou de ses codes n’excluent pas la référence au langage cartographique usuel qu’ont beaucoup sollicité, par exemple, les artistes du land art pour présenter dans l’espace d’exposition une intervention située dans le paysage.
Cependant, on peut là aussi jouer de cette ambivalence entre réel et imaginaire quand d’autres artistes cartographient méthodiquement non pour se référer à des lieux mais pour créer des mondes fictionnels (voir les cartes de Wim Delvoye, vers 1990).