Définir le point de vue en photographie, en vidéo et plus largement

Considérons d’abord le point de vue du photographe. Avoir un point de vue implique de se positionner dans l’espace pour choisir d’où l’on va prendre son image. Ce positionnement reprend celui du dessinateur ou du peintre sortant de l’atelier pour représenter des paysages "sur le motif".

Photographier consiste en la « prise de vue », la captation de la réalité par le procédé de l’empreinte lumineuse sur une surface sensible, la pellicule.

Déjà Nicéphore Niepce, en 1827, prendra pour la première photographie (ou « héliographie », empreinte de lumière) la vue paysagère depuis la fenêtre de son atelier. Le paysage s’installe donc comme l’un des sujets de prédilection pour les photographes. La photographie numérique qui codera l’impression lumineuse par un ensemble de chiffres, continue néanmoins, lors de la prise de vue, de jouer sur le point de vue par rapport à la scène photographiée.

Mais vient alors le deuxième sens du « point de vue », celui du positionnement artistique vis-à-vis du motif. La photographie peut célébrer le paysage naturel comme le fait Carleton Watkins pour la Yosemite Valley vers 1865. Elle peut aussi adopter une posture documentariste comme les inventaires paysagers (de la Mission Héliographique au 19ème s. jusqu’aux pratiques contemporaines). Par ailleurs, une posture plus critique ou affirmant un parti-pris personnel pourra faire advenir un regard subjectif sur le monde.

Mais d’autres moyens technologiques permettent de capter des images de paysages.

Le film expérimental explorera cette quête des espaces : on citera cette œuvre du précurseur Michael Snow, La région centrale, 1971, qui délègue à une caméra autonome installée dans le paysage et tournant sur elle-même, le rôle de capter en un panoramique continu le paysage désertique.

L’art vidéo travaille aussi l’image paysagère non seulement au moment de la captation mais aussi en réintervenant après la prise de vue ou lors de sa diffusion. Ainsi, dans The waves de Thierrry Kuntzel, le déplacement du spectateur interagit avec le mouvement de l’image de la vague en le ralentissant, l’accélérant ou le stoppant. C’est bien là, dans cette installation vidéo, un questionnement sur l’espace mais surtout sur le temps qui est certainement une approche essentielle de l’art vidéo.