AGIR dans le paysage

notions et repères

Les artistes peuvent aussi transgresser la définition même du paysage comme portion de territoire perçu selon un certain point de vue. Ils abolissent alors la distance inhérente à la vision pour pénétrer l’espace et le parcourir. La marche devient ainsi une façon d’expérimenter le territoire, et l’œuvre va résulter des actions opérées avec les moyens du corps et de la nature. Richard Long va ainsi marcher, par exemple au Sahara, et le seul tracé de ses pieds, allant et venant en ligne droite sur le sol caillouteux, va marquer une géométrie linéaire. Cette ligne s’oppose à l’organisation naturelle sans la contredire dans ses matériaux ou sa monumentalité. Pour l’artiste Hamish Fulton, c’est la marche elle-même qui est artistique (« artistic walk »). Donc, pas de récolte de matériaux ou d’intervention in situ sinon le processus de marche qui exacerbe la vision du paysage. Seules des notes et des images photographiques sont prises pour construire ensuite des images et des textes mémoriels de la traversée paysagère.

Mais le lieu, et à travers lui la terre, est aussi le lieu primordial, l’élément avec lequel renouer le contact d’une manière ritualisée, presque sacrée, comme dans certaines cultures ancestrales. Anna Mendietta, par le biais de la performance, couvre ainsi littéralement son corps de terre ou de végétaux, creuse son empreinte dans le sol pour la remplir d’eau ou de feu.

Enfin une autre voie est celle de l’alerte, de l’attention mobilisée sur l’environnement. Déjà, en 1970, l’œuvre Monument to Beach Pollution de Hans Haacke résulte du ramassage des déchets d’une plage puis de leur mise en tas, reprenant en cela l’une des modalités de la sculpture minimale mais avec une pleine conscience environnementale. Depuis, de nombreux artistes s’inscriront dans ce type de démarche.